Jean de Jenštejn, archevêque de Prague et ami personnel de Venceslas IV, qui le nomma chancelier, était un homme d'une grande érudition.
On dit que le tournant le plus important dans la vie de l'archevêque eut lieu en 1380, quand il survécut à la « peste » ; cependant, il s'agissait sans doute d'une certaine forme d'épilepsie provoquée par une fièvre cérébrale. La maladie devait conduire à un changement radical de sa personnalité. L'ecclésiastique aristocrate et mondain devint un ascète stricte et intolérant, qui refusait tout type de discussion dans certains domaines.
Après cet incident, Jean de Jenštejn se fit l'apôtre d'une nouvelle manière de vivre qu'il considérait comme salutaire pour l'ensemble de la société, y compris le roi, ce qui devait avoir des conséquences fâcheuses. L'archevêque bénéficiait du soutien de la haute
noblesse, qui menait par son intermédiaire une querelle de pouvoir avec le roi. Ses amis de longue date devinrent des ennemis jurés, et la situation s'envenima au point que Jean se mit à mener sa propre politique internationale, chose inadmissible pour Venceslas (Jenštejn soutenait en effet le pape de Rome contre celui d'Avignon, tandis que le roi voulait rester neutre).
Au cours des années 80, la polémique s'enflamme, et elle culmine en 1392 et 1393, lorsque le vicaire général et représentant de l'archevêque, Jean Népomucène, est torturé et assassiné. Jean de Jenštejn se plaint alors au pape de Rome, lequel, conscient du fait qu'il a besoin du soutien du roi de Bohême, refuse la plainte. Le chapitre de l'intraitable archevêque finit par s'élever contre lui, et il doit abdiquer en 1396. Il meurt à Rome, seul et brisé.